Les syndicats du secteur forestier québécois saluent les mesures d’aide du gouvernement fédéral annoncées le 5 août dernier pour appuyer l’industrie forestière. Maintenant, ils pressent le gouvernement du Québec à emboîter le pas.
C’est ce que signifiait la semaine dernière le Syndicat des Métallos dans un communiqué.
Pour sa part, le président du Syndicat des salariés scierie Péribonka-L'Ascension-de-Notre-Seigneur, Olivier Larouche, affirme aussi voir d’un bon œil la volonté d’Ottawa de soutenir l’industrie forestière.
« Pour une fois que le gouvernement fédéral veut aider l’industrie forestière, c’est plaisant. Enfin, le fédéral décide qu’il veut nous aider là-dedans. Maintenant, pour le provincial, j’ai hâte de voir ce qu’il va se passer avec le Projet de loi 97 [projet de loi visant à moderniser l’industrie forestière québécoise]. Tout le monde parle d’un remanient ministériel. Est-ce que la ministre des Ressources naturelles et des Forêts va être coupée? Ça, on ne le sait pas. J’imagine qu’on va avoir des réponses lors de la rentrée parlementaire. »
Reprise des activités chez Arbec
Rappelons que le 4 août dernier, l’usine Arbec de L’Ascension reprenait ses activités, interrompues depuis le 14 juin en raison du coût de la fibre, notamment.
« Tous les effectifs qui avaient été arrêtés en juin, à part les cinq ou six employés qui ont quitté entre-temps, sont retournés au travail », se réjouit le représentant syndical. Ce sont ainsi environ 160 salariés qui ont pu retrouver leur emploi, un chiffre qui exclut les postes de cadre, précise Olivier Larouche.
Selon ce dernier, le redémarrage de l’usine de transformation ne serait toutefois pas directement lié aux mesures d’aide récemment annoncées par le fédéral. La décision, dit-il, aurait plutôt été motivée par la garantie d’approvisionnement de l’usine et par la nécessité de ne pas la voir diminuer l’année prochaine.
« On sait que les scieries ont l’obligation d’écouler leur bois pour avoir droit à la même quantité lors des années subséquentes. Sinon, elles doivent aller chercher leur bois aux enchères, et ça coûte souvent beaucoup plus cher. »
Or, en raison de l’interruption de ses activités, l’usine Arbec de L’Ascension est actuellement en retard sur sa production. « Nous sommes seulement à 53 % alors qu’il faudrait être rendu à 75 % à ce moment-ci de l’année. »
Pour le maire de L’Ascension et préfet de la MRC de Lac-Saint-Jean-Est, Louis Ouellet, la reprise des activités à l’usine d’Arbec est une excellente nouvelle.
Il constate toutefois que « la situation n’a pas vraiment changé par rapport à ce qu’elle était au moment où les activités ont été suspendues. Mais bon, Produits forestiers Arbec ne pouvait quand même laisser pourrir du bois. Il lui restait du bois en forêt. Ce que l’entreprise m’a dit, c’est qu’elle avait parlé aux deux paliers de gouvernement et qu’elle leur faisait confiance pour trouver des solutions à la situation actuelle. »
Le plan fédéral
Le plan fédéral annoncé la semaine dernière prévoit 700 M$ de garanties de prêt pour les entreprises touchées par la hausse des tarifs américains, 500 M$ d'investissements pour soutenir la diversification des produits et des marchés ainsi qu’un engagement à prioriser le bois d'œuvre canadien dans les projets d’infrastructure et de logement financés par le gouvernement fédéral.
Des mesures supplémentaires sont également au programme, dont un soutien au développement des marchés d’exportation et 50 M$ en prestations de revenus, en requalification ainsi qu’en perfectionnement pour plus de 6 000 travailleurs touchés par la crise du bois d'œuvre.
Mais alors que les usines ont déjà réduit leurs activités et que d'autres fermetures se profilent à l'horizon, les syndicats préviennent que même les engagements les plus fermes n'auront aucune importance si le provincial ne s’implique rapidement aussi.
« Québec et Ottawa doivent de toute urgence travailler en synergie pour soutenir l’industrie forestière et, surtout, mettre en œuvre une stratégie industrielle pour une transformation accrue du bois, une diversification des marchés et le recours systématique au bois québécois dans les projets de construction », soulignent les leaders des syndicats représentant la totalité des travailleurs de la foresterie du Québec, Daniel Cloutier d’Unifor, Nicolas Lapierre du Syndicat des Métallos, Kevin Gagnon de la Fédération de l’industrie manufacturière (FIM-CSN) et Luc Vachon de la CSD.
Au Québec, où la foresterie est un pilier de nombreuses économies locales, les dirigeants syndicaux demandent une coordination avec le gouvernement provincial pour s'assurer que le financement fédéral reflète les priorités et les besoins locaux.
« On exige depuis longtemps du gouvernement du Québec une stratégie industrielle pour transformer l’industrie forestière et assurer l’avenir des emplois. Nous espérons que le gouvernement du Québec reviendra en septembre avec une nouvelle mouture de régime forestier qui s’inscrira dans la même lignée. Québec et Ottawa doivent travailler en synergie pour assurer l’avenir de la forêt », affirme le directeur québécois des Métallos, Nicolas Lapierre.