PROTECTION. Le Canada fait figure de cancre parmi les pays du G7 en matière de protection de la biodiversité, selon un rapport publié lundi par la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP).
Avec ses 10,6 pour cent d'aires protégées en milieu terrestre, le Canada traîne en queue de peloton, et ce, à trois ans de l'échéance fixée pour l'atteinte de la cible internationale de 17 pour cent.
Le gouvernement canadien s'était pourtant engagé en 2010 à protéger au moins ce pourcentage d'ici 2020 lorsqu'il a ratifié un plan décennal stratégique sous l'égide de la Convention sur la diversité biologique des Nations unies.
Or, depuis ce temps, seulement un pour cent du territoire canadien a été protégé, déplore la SNAP dans son étude d'une quarantaine de pages.
Le Québec n'aide pas la cause. Au contraire, il tire le reste du pays vers le bas, son pourcentage d'aires protégées de 9,35 pour cent se situant en deçà de la moyenne canadienne.
Le gouvernement québécois a pourtant l'embarras du choix: «plein de projets connus pour leur valeur écologique sont en attente d'être concrétisés», a soutenu lundi Alice de Swarte, chargée de projets en conservation et analyse politique à SNAP Québec.
«Notre lecture du blocage, c'est qu'il y a une obstruction de la part de certains acteurs gouvernementaux (...) qui appliquent un droit de veto sur des projets d'aires protégées», a-t-elle soutenu en parlant du ministère québécois des Ressources naturelles et celui des Forêts.
Au bureau du ministre du Développement durable et de l'Environnement du Québec, David Heurtel, on a assuré lundi que «le travail se poursuit» en vue d'attendre la cible de 17 pour cent d'ici 2020.
«Nous travaillons en collaboration avec les ministères concernés, le milieu régional et les communautés autochtones afin de s'entendre sur les territoires à protéger», a écrit dans un courriel son porte-parole, Jacques Martineau.
Au palier fédéral, la SNAP a dénoté au cours des derniers mois un regain d'enthousiasme, ce qui pourrait permettre au Canada de reprendre du terrain perdu et amener des progrès significatifs en vue de respecter ses engagements internationaux.
Car les cibles de 2020 ne sont pas hors de portée même si le Canada a avancé à pas de tortue entre 2010 et 2017, croit Alice de Swarte. «La volonté semble être là, et c'est une nouveauté dans la politique canadienne», a-t-elle fait valoir.
«Notre gouvernement reconnaît le rôle crucial des parcs et des aires protégées dans la lutte contre le changement climatique», a réagi la ministre fédérale de l'Environnement et du changement climatique, Catherine McKenna, dans une déclaration écrite, tard lundi soir.
Et «pour la première fois depuis plus de 25 ans, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont accepté de collaborer avec les gouvernements locaux et les peuples autochtones pour étendre les zones protégées et conservées du Canada», a-t-elle ajouté.
Palmarès du G7
1- Allemagne: 37,8 pour cent
2- Royaume-Uni: 28,5 pour cent
3- France: 25,8 pour cent
4- Italie: 21,5 pour cent
5- Japon: 19,4 pour cent
6- États-Unis: 13 pour cent
7- Canada: 10,6 pour cent
Source: Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP)
Sites québécois prêts à être protégés rapidement
— La rivière Magpie
La rivière, qui a été classée parmi les dix meilleures rivières au monde pour la pratique d'activités en eau vive par le magazine National Geographic en 2010, «regorge de dizaines d'espèces de poisson comme le saumon atlantique et la truite mouchetée». Selon la SNAP, la proposition stagne car Hydro-Québec a un oeil sur le potentiel hydroélectrique de la rivière.
— Les Montagnes Blanches
Situé à cheval entre le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la Côte-Nord et le Nord-du-Québec, ce vaste territoire est «crucial pour le maintien du caribou forestier», souligne la SNAP. La création d'une aire protégée pour assurer la conservation de l'habitat du cervidé, annoncée dans un plan d'action du gouvernement québécois en avril 2016, se fait toujours attendre.
— Trois rivières sauvages dans l'ouest du Québec
La protection des rivières Dumoine, Noire et Coulonge, qui coulent vers le sud à travers la forêt boréale pour se jeter dans la rivière des Outaouais, permettrait de faire des gains rapides pour atteindre la cible de 2020. Le gouvernement du Québec a protégé en 2008 1445 km2 du bassin de la rivière Dumoine. La SNAP recommande de doubler cette superficie.
Mélanie Marquis, La Presse canadienne