Malgré une légère stabilisation au cours de la dernière année, la pénurie de main-d’œuvre continue d’affecter les entreprises de la région. Yan Tremblay, directeur service conseil chez la firme Mallette depuis 14 ans, dresse le portrait de la situation et expose comment les entreprises peuvent s’adapter à cette nouvelle réalité.
« On voit qu’il y a un soubresaut de positivisme. Il y a des choses qui se sont améliorées en termes de disponibilité de main-d’œuvre, mais ça demeure très fragile. Dans les deux dernières années, on parlait de pénurie de main-d’œuvre. Maintenant, on parle plus de rareté de main-d’œuvre », lance Yan Tremblay.
Selon lui, le portrait régional reflète également les tendances à l’échelle nationale.
« C’est un peu plus visible en restauration, mais ça demeure un enjeu très généralisé à travers tous les secteurs commerciaux. On peut penser que la pénurie touche plus les postes spécialisés, mais ça touche autant les postes non spécialisés, voire même un peu plus en raison du roulement de personnel », affirme-t-il.
Si la pente semble se remonter tranquillement, l’enjeu entourant le manque de main-d’œuvre est loin d’être chose du passé. Yan Tremblay fait notamment référence à des études récentes qui indiquent que cette crise devrait atteindre un point culminant d’ici 2030.
« On parle de 2030, parce que sera la fin de la génération du baby-boom. Avec l’exode des jeunes qui est encore présent, ça n’aide pas à améliorer la situation. On le voit aussi avec le nombre de travailleurs étrangers qui augmente d’année en année. En 2024, la région a accueilli 3500 immigrants temporaires, soit quatre fois plus qu’en 2023 et dix fois plus que le nombre d’immigrants permanents », ajoute-t-il.
Rétention
Pour Yan Tremblay, le nerf de la guerre pour une entreprise demeure la rétention de ses ressources.
« C’est primordial de se démarquer pour garder son personnel. Attraction et rétention, ça va ensemble. On essaie de plus en plus d’encourager les entreprises à offrir des bonis de rétention, que ce soit en salaire ou en congé. Si les entreprises veulent des employés qui sont loyaux, il faut reconnaitre les années de services », mentionne-t-il.
Au-delà de la rétention et l’embauche de travailleurs étrangers, les entreprises doivent se tourner vers différentes approches pour amoindrir l’impact du manque de personnel.
« Pour les entreprises, ça passe beaucoup par une réorganisation des rôles et des responsabilités de chacun dans l’entreprise. C’est important de revoir la structure pour s’assurer qu’on maximise l’impact humain dans chaque fonction », explique-t-il.
Les nouvelles technologies auront également leur rôle à jouer dans les prochaines années pour aider les entreprises à faire face à la rareté de main-d’œuvre.
« L’automatisation devient une piste de solution vraiment intéressante. Déjà, plusieurs entreprises regardent de quelle manière l’intelligence artificielle pourrait soutenir leurs opérations. Évidemment, il y a des postes qui ne pourront jamais être remplacés, mais beaucoup pourront être modifiés et soutenus par l’intelligence artificielle », conclut-il.