Chroniques

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LIBÂRTÉ!

Le 28 novembre 2024 — Modifié à 07 h 00 min le 28 novembre 2024
Par Alexandra Gilbert-Boutros

Les médias ne couvrent pas les histoires de suicide, et quand ils le font, c’est avec un doigté et une attention particulière au sujet. Ce n’est pas parce que c’est tabou, au contraire, c’est parce qu’il a été prouvé que cette couverture peut avoir une influence sur les personnes vulnérables et entraîner une hausse des cas de comportements suicidaires. Certaines personnes sont vulnérables aux messages, ceux qu’on trouve dans les médias, sur les réseaux sociaux, à la télévision à heure de grande écoute.

Quand on met de l’avant un discours toxique, prenons par exemple celui des mâles alphas et de son digne représentant à Tout le monde en parle, la question se pose, combien s’y reconnaîtront ? Peu, mais certainement quelques-uns. N’avons-nous pas une responsabilité en tant que diffuseur de ne pas mettre de l’avant certains sujets ? Dans un autre sens, aseptiser les propos n’est guère mieux, on souhaite comprendre ce qui leur passe par la tête, à ces hurluberlus loin d’être Alphas à mon humble avis. Mes ovaires se rétractent juste en pensant à eux mais bon, c’est un autre sujet. Les comprendre, ok, leur donner le micro, pas sûre. Mon fils de 12 ans m’a dit dernièrement que c’est pas juste, parce que les filles ont plus de pouvoir maintenant, tout le monde les croit peu importe ce qu’elles disent et que lui ne peut plus rien faire ni dire et que ça le dérange. J’ai pris une grande respiration, celle par le ventre qui grounde, je lui ai demandé des exemples, j’ai tenté d’en discuter mais son idée était faite, c’est pas juste.

On peut pu rien dire ! Dans le temps, on pouvait rire de tout le monde sans avoir de poursuite, pense à Piment Fort et RBO ! Ça me fait penser à la bataille de Mike Ward et Jeremy Gabriel, blague pour public averti mais tout de même une blague. Elle est où, la ligne ? Mike prend le bâton du guerrier, à ses risques et ses frais, pour que les humoristes puissent faire des blagues, même les mauvaises, pour la postérité et la liberté d’expression. Elle est où, la ligne ? Mouvante, user de jugement, cas par cas. Mais c’est pas juste, parait.

Tout dire ou pas? J’ai l’doua de te dire que ton bébé est laid, est-ce que ça veut dire que je dois le faire? Si je te le dis, je vais te faire de la peine, pourquoi je ferais ça? Des fois, je fais des blagues méchantes, pour le punch, pour l’éclat de rire, et ensuite je me demande si j’ai blessé et je m’excuse au besoin. J’aurais peut-être dû me taire? Mais je ne suis pas obligée.

X, le réseau social, c’est un lieu où il n’y a aucune censure, donc tous peuvent y aller de leur venin sans retenue, être odieux dans leurs commentaires, bien cachés derrière leur clavier. Se côtoient les théories complotistes, les appels à la haine, le contenu médiatique, partisan, politique ou personnel, un zoo. Et mononcle Robert qui commente que Véronique Cloutier est dont ben laide pis insignifiante pis qu’elle devrait s’enlever la vie plutôt que de garder son micro. Sérieux, Robert? T’AS LE DOUA! Mais fait le dont pas.

LIBÂRTÉ, pendant que les médias n’ont plus leur voix sur Meta, on peut suivre des discours contre l’avortement, contre le droit de vote aux femmes, qui nous informent qu’on n’a jamais marché sur la Lune et qu’il y a une micropuce dans les vaccins. On a fait nos recherches. Je regarde ça d’un œil las, même plus amusée par l’absurdité humaine, découragée en me disant que, quelque part ces discours rejoignent des gens vulnérables et qu’ainsi, ils prennent de la puissance.

Au nom de la liberté, on parle sans écouter.
Au nom de la liberté, on détruit.

Au nom de la liberté, tais- toi donc, Robert.

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