Jasette de la gazette
C’est bien connu, plus on vieillit, plus le temps file vite! Les années coulent, d’abord comme un long fleuve tranquille, puis apparaissent quelques rapides et bientôt c’est un véritable torrent qui emporte avec lui des êtres aimés vers leur dernier repos.
Ces dernières années, j’ai le sentiment d’écrire de plus en plus régulièrement à propos de personnalités décédées qui ont marqué, de différentes façons, l’histoire locale. Cela va de soi puisque nous sommes une population vieillissante.
La semaine dernière, c’est à propos de Gaston Hébert, véritable monument de Dolbeau-Mistassini, que j’écrivais quelques lignes. Un gentleman dont nos lecteurs ont été très nombreux à reconnaître la gentillesse et la générosité. Cela m’a d’ailleurs permis d’apprendre qu’il avait été l’un des instigateurs qui ont doté Mistassini de son centre sportif, un legs important pour des générations de sportifs.
Bien qu’il soit toujours triste d’apprendre le décès de personnalités marquantes de nos communautés, j’écris toujours ces articles de bon cœur. C’est sans doute un peu pompeux, j’en conviens, mais cela me donne le sentiment de contribuer à inscrire dans les annales de l’histoire locale une ultime trace de leur contribution.
Qui d’autres que les médias locaux pour le faire? Si nous ne parlons pas nous-mêmes de notre propre histoire, de nos citoyens émérites et de ceux et celles d’entre nous qui font des choses qui sortent de l’ordinaire, personne ne le fera pour nous. Cela contribue, très humblement, à renforcer le sentiment d’appartenance qui nous lie à notre milieu.
Peut-être est-ce alimenté par un excès de nostalgie, mais au fur et à la mesure que je vois des personnages importants de nos collectivités nous quitter, je me dis que le moule qui les a créés a été brisé.
Il n’est pas question ici d’idéaliser à outrance qui que ce soit, même les meilleurs humains sont imparfaits de mille et une façons. Il m’apparait néanmoins que l’on voit de moins en moins de ces personnalités plus grandes que nature. C’est vrai localement, mais aussi sur le plan national, où on a l’impression d’être dans une longue disette en matière de leaders inspirants.
La question qui s’impose : pourquoi? J’avance une hypothèse qui en vaut une autre : la société de consommation à l’excès a fini par engendrer des générations de citoyens individualistes davantage interpellés par leur confort matériel relatif que par l’essor collectif.
Je ne lance la pierre à personne, nous sommes pour la plupart atteints de cette maladie à des degrés divers. N’empêche, il faudrait savoir trouver inspiration auprès des quelques grands modèles qu’il nous reste.
Chaque semaine, un membre de l’équipe de Trium Médias prend parole sur un sujet de son choix, c’est La Jasette de la gazette.